Depuis quelques années, les taux hypothécaires suivent une tendance à la baisse. En mars dernier, le taux hypothécaire moyen de 5 ans, pratiqué au Canada, a atteint 4,21 %, soit son niveau le plus faible depuis 1951. Il s’agit d’un net contraste par rapport aux taux hypothécaires observés au cours des années 1970 et 1980 qui dépassaient allégrement les 10 % et même les 20 % à certains moments.
Quels principaux facteurs structurels et conjoncturels expliquent la faiblesse actuelle des taux hypothécaires?
L’évolution du taux de rendement des obligations dicte celui des taux hypothécaires.
Les taux hypothécaires variables sont principalement influencés par le taux directeur de la Banque du Canada. Les taux hypothécaires fixes à 5 ans sont, quant à eux, principalement influencés par le taux de rendement des obligations canadiennes de même échéance qui servent de référence pour déterminer le coût des fonds que les institutions financières prêtent sur le marché hypothécaire.
Les facteurs structurels ayant contribué à la baisse des taux :
Depuis le milieu des années 1990, des facteurs structurels, affectant les marchés des capitaux, ont contribué à réduire durablement les taux d’intérêt en général, dont les taux hypothécaires.
-La maîtrise de l’inflation
En garantissant une certaine stabilité de l’évolution des prix, La Banque du Canada a permis de réduire les incertitudes liées à l’inflation et, par conséquent, de réduire considérablement la prime d’inflation exigée par les investisseurs.
-La gestion plus rigoureuse des finances publiques canadiennes
En montrant depuis le milieu des années 1990 qu’il était capable de pratiquer une gestion rigoureuse des finances publiques, le Canada s’est assuré d’une certaine crédibilité auprès des investisseurs qui, en temps d’incertitudes économiques, considèrent le marché des obligations garanties par le gouvernement canadien comme un des placements les plus sûrs.
Des facteurs conjoncturels ont également favorisé la baisse des taux :
-Une conjoncture économique atone
Le ralentissement de la croissance économique canadienne et les perspectives plus pessimistes qui l’entourent ont entraîné une baisse des anticipations d’inflation.
Notamment, les anticipations d’inflation ont fortement chuté à la suite de l’éclatement de la crise financière au cours de l’été 2008. L’augmentation de l’écart de rendement entre les obligations gouvernementales américaines et canadiennes a entraîné un afflux massif de capitaux au profit du marché obligataire canadien qui offre un rendement plus élevé.
-Une économie instable ailleurs dans le mondeL’apparition de la crise de la dette a fait craindre un risque de défaut de plusieurs pays européens et a incité les investisseurs à se tourner vers des pays présentant une situation budgétaire plus saine, comme le Canada.
Conclusion
La baisse des taux hypothécaires canadiens au cours des dernières années résulte principalement de la baisse du coût des fonds utilisés pour financer les prêts hypothécaires.
D’un côté, les facteurs conjoncturels, comme la faiblesse de la croissance économique canadienne, américaine et mondiale, des marchés boursiers jugés trop risqués, ou encore l’éclatement de la crise de la dette souveraine en Europe, ont contribué à réduire le coût des fonds utilisés par les institutions financières canadiennes pour offrir du financement hypothécaire. D’un autre côté, les facteurs structurels, tels que le ciblage de l’inflation adopté dans le cadre de la politique monétaire ou encore les politiques d’assainissement budgétaire et de gestion plus rigoureuse des fonds publics du gouvernement canadien depuis les années 1990, participent, quant à eux, à réduire durablement les taux d’intérêt au Canada, dont les taux hypothécaires.
Source : http://fciq.ca/pdf/mot_economiste/me_052012.pdf
Shortlink for this post: https://wp.me/p1UEHj-4v